L’arbre urbain (4/5) Aménagement, revitalisation et transplantation d’arbres remarquables
Parmi les travaux réalisés sur les arbres en ville, on retrouve en premier lieu les tailles. Si elles sont utiles milieu urbain, la conservation sur le long terme des arbres remarquables repose sur d’autres types de soins.
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Si l’élagage représente une part importante du travail d’aménagement effectué sur les arbres en ville, la majorité n’a pas d’effet positif sur ces derniers, mais permettent juste la cohabitation avec les activités humaines. Pour pérenniser les vieux arbres, ce n’est généralement pas la partie aérienne qu’il faut soigner, mais le système racinaire.
Soigner les racines
Les interventions sur les arbres remarquables sont toujours délicates. Avant toute action, il est nécessaire d’analyser le site et l’historique de son évolution afin de comprendre les contraintes auxquelles l’arbre a été soumis auparavant.
Pour retracer l’historique, il est possible de s’appuyer par exemple sur les cartes postales du début du 20ème siècle ou la littérature spécialisée, mais il existe aussi des sites internet qui permettent de consulter des photographies aériennes historiques, comme l’a rappelé Gaëtan Comes, arboriste-grimpeur, lors de son allocution au colloque “Histoire d’arbres” à Mons le vendredi 22 novembre 2019. En Belgique francophone, on peut citer “WalOnMap” ou “Bruciel”. Ces documents permettent de remonter le temps sur quelques décennies.
Une analyse minutieuse du site et de l’arbre permettra de choisir les interventions les plus favorables pour le pérenniser.
Pour prendre soin des racines, Gaëtan Comes a mis en avant deux techniques lors de son exposé, en fonction de la situation rencontrée. Si la compaction du sol en place est faible, il n’est pas nécessaire de programmer des interventions lourdes et la meilleure solution est le mulching. Il s’agit selon lui de la meilleure méthode d’amélioration des sols, la plus douce et la moins coûteuse. Le paillage en couverture au pied des arbres permet de restaurer en quelques années la vie microbienne dans le sol. Il favorise, entre autres, l’activité biologique, l’aération du sol et la formation de mycorhizes.
Dans le cas d’un sol compacté, il est nécessaire de le décompacter afin de rétablir les échanges gazeux et hydriques nécessaires à la bonne santé du système racinaire. L’arboriste grimpeur a fait la promotion du système “Air Spade(R)”, mais il existe d’autres outils.
Transplantation de grands arbres
Certains aménagements et travaux ne permettent pas de garder des arbres sur place, il est alors envisageable de les transplanter, en particulier lors qu’ils ont une grande valeur.
Le prérequis pour la transplantation de grands arbres est leur connaissance approfondie : espèce, type de santé racinaire (pas la même motte si racine pivot ou de surface), sensibilité aux transplantations...
Pour envisager une transplantation, il faut que l’arbre en question soit en bonne santé physiologique car l’arbre va perdre une bonne partie de ses racines lors de la mise en motte. Il doit donc pouvoir supporter ce stress.
La règle de base en transplantation d’arbre est que le diamètre de la motte équivaut à 10 fois celui du tronc. Pour une espèce tolérante à la transplantation, on peut abaisser le ratio à 8 fois, et pour une espèce peu tolérante, le ratio peut aller jusqu’à 15 fois.
Différentes techniques peuvent être utilisées selon le diamètre du tronc. Dans le cas d’arbres de grande taille, il faut procéder avec une motte ronde (demi-sphère découpée) ou carrée qui sera découpée manuellement. “Aux Etats-Unis, il est possible d’extraire mécaniquement des arbres jusqu’à 45 cm de diamètre de tronc avec une motte de 4,5 mètres” indiquait Luc Nadeau, arboriculteur québécois, lors du colloque “Histoire d’arbres” à Mons.
Au Canada, les coûts moyens d’exécution sont estimés entre 700 et 1400 euros par centimètre de diamètre du tronc, dans le cas de gros arbres dont la motte est façonnée manuellement. Et si les contraintes aux opérations sont fortes ou si le transport doit être fait sur une longue distance, les coûts peuvent augmenter jusqu’à 2 1000 euros/cm.
La transplantation de grands arbres est techniquement possible mais les sommes en jeu sont très élevées et peuvent parfois dépasser la valeur immobilière de l’arbre et les bénéfices qu’il apporte.
Léna HespelRetrouvez les autres articles de notre série sur l’arbre urbain :
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